On ne s’interrogera pas dans le cadre de ce cours sur la liberté d’un sujet métaphysique – ce qui serait l’objet d’un autre cours-, mais sur celle qui ne s’acquiert que dans le cadre de la société, et qui consiste en un rapport à la collectivité, aux liens que l’homme, considéré comme être social ou citoyen, entretient avec la société et les lois. D’un point de vue social et politique, la liberté pose le problème du rapport de l’individu à la société, des volontés particulières à la volonté commune, aux lois et au droit.
Une première approche de la liberté en fait un synonyme de non ingérence : je suis libre quand je ne suis pas empêché de faire ce que je veux, quand je ne rencontre ni obstacle ni contrainte, ni loi ni individu venant contrecarrer mes plans. Si je suis libre quand je ne
rencontre pas d’obstacles extérieurs, la liberté est non empêchement. Elle consiste par exemple pour l’individu à être délivré des limites et nécessités imposées par la nature et les formes de vie communautaire ; en ce sens, tout ce qui permet de dépasser ou repousser ces contraintes favorise la liberté comme absence de limites, comme délivrance. Ne plus avoir besoin de « faire avec les autres », avec toute la conflictualité que cela suppose d’affronter et de dépasser, cela définit assez notre idée spontanée de la liberté.
Mais une telle approche mérite d’être interrogée : elle semble supposer que la liberté peut être le fait de l’individu isolé. Est-elle alors une propriété individuelle, ou n’est-elle pas plutôt une construction sociale ? Naît-on libre ou le devient-on du fait de son inscription dans une communauté donnée ?
Se ramène-t-elle alors à la jouissance de droits par tous ? Se dit-elle au singulier ou au pluriel ? Est-on libre, d’une liberté qui se dit au singulier, ou ne fait-on jamais que jouir de libertés individuelles, au pluriel, telles que celle de se déplacer, de penser, de pratiquer la religion de son choix ou d’être incroyant ? On peut encore évoquer, comme essentielles à notre identité d’individus modernes, la liberté de la presse, la liberté de s’associer, de manifester, de s’exprimer, d’organiser sa vie comme on l’entend.
Toute liberté est-elle alors une absence de contrainte, d’assujettissement, se définit-elle contre la loi et l’Etat, et pas grâce à eux ? La liberté comme indépendance se déduit de la nature même de l’homme et est à penser en termes de liberté subjective, liberté privée. C’est une liberté dépolitisée, spatialisée (je suis libre dans l’espace qu’on me laisse), qui se résume assez bien dans le dicton : la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Autrement dit, la liberté personnelle ne rencontre d’autre limite que celle de respecter la liberté d’autrui.
Cette conception de la liberté n’est pourtant pas la seule. Plutôt qu’espace (qu’espaces au pluriel, devrait-on dire) de non ingérence ou d’indépendance, la liberté ne doit-elle pas être appréhendée comme autonomie (individuelle et collective), c’est-à-dire comme faculté de se donner à soi-même (individu ou collectivité) ses propres limites et ses propres lois ? L’autonomie désigne la capacité à se prendre en charge, individuellement et collectivement, au lieu de s’en remettre à un maître ou à des organisations extérieures.
La première définition insiste sur la liberté comme absence de limites, et elle peut être le fait d’un individu considéré à part de l’ensemble social. Dans le second cas, la liberté suppose au contraire de reprendre en main sa vie et ses activités plutôt que s’en décharger au profit d’institutions ou de médiations qui nous dépassent, et de les prendre en main afin de pouvoir en déterminer le contenu et les limites : c’est la liberté comme autonomie, comme autodétermination. Or l’autonomie comme maîtrise de soi conduit à une perspective politique car elle passe par la maîtrise des conditions de sa propre existence.
Une première approche de la liberté en fait un synonyme de non ingérence : je suis libre quand je ne suis pas empêché de faire ce que je veux, quand je ne rencontre ni obstacle ni contrainte, ni loi ni individu venant contrecarrer mes plans. Si je suis libre quand je ne
rencontre pas d’obstacles extérieurs, la liberté est non empêchement. Elle consiste par exemple pour l’individu à être délivré des limites et nécessités imposées par la nature et les formes de vie communautaire ; en ce sens, tout ce qui permet de dépasser ou repousser ces contraintes favorise la liberté comme absence de limites, comme délivrance. Ne plus avoir besoin de « faire avec les autres », avec toute la conflictualité que cela suppose d’affronter et de dépasser, cela définit assez notre idée spontanée de la liberté.
Mais une telle approche mérite d’être interrogée : elle semble supposer que la liberté peut être le fait de l’individu isolé. Est-elle alors une propriété individuelle, ou n’est-elle pas plutôt une construction sociale ? Naît-on libre ou le devient-on du fait de son inscription dans une communauté donnée ?
Se ramène-t-elle alors à la jouissance de droits par tous ? Se dit-elle au singulier ou au pluriel ? Est-on libre, d’une liberté qui se dit au singulier, ou ne fait-on jamais que jouir de libertés individuelles, au pluriel, telles que celle de se déplacer, de penser, de pratiquer la religion de son choix ou d’être incroyant ? On peut encore évoquer, comme essentielles à notre identité d’individus modernes, la liberté de la presse, la liberté de s’associer, de manifester, de s’exprimer, d’organiser sa vie comme on l’entend.
Toute liberté est-elle alors une absence de contrainte, d’assujettissement, se définit-elle contre la loi et l’Etat, et pas grâce à eux ? La liberté comme indépendance se déduit de la nature même de l’homme et est à penser en termes de liberté subjective, liberté privée. C’est une liberté dépolitisée, spatialisée (je suis libre dans l’espace qu’on me laisse), qui se résume assez bien dans le dicton : la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Autrement dit, la liberté personnelle ne rencontre d’autre limite que celle de respecter la liberté d’autrui.
Cette conception de la liberté n’est pourtant pas la seule. Plutôt qu’espace (qu’espaces au pluriel, devrait-on dire) de non ingérence ou d’indépendance, la liberté ne doit-elle pas être appréhendée comme autonomie (individuelle et collective), c’est-à-dire comme faculté de se donner à soi-même (individu ou collectivité) ses propres limites et ses propres lois ? L’autonomie désigne la capacité à se prendre en charge, individuellement et collectivement, au lieu de s’en remettre à un maître ou à des organisations extérieures.
La première définition insiste sur la liberté comme absence de limites, et elle peut être le fait d’un individu considéré à part de l’ensemble social. Dans le second cas, la liberté suppose au contraire de reprendre en main sa vie et ses activités plutôt que s’en décharger au profit d’institutions ou de médiations qui nous dépassent, et de les prendre en main afin de pouvoir en déterminer le contenu et les limites : c’est la liberté comme autonomie, comme autodétermination. Or l’autonomie comme maîtrise de soi conduit à une perspective politique car elle passe par la maîtrise des conditions de sa propre existence.
- Enseignant: Lepan Geraldine
Organisation semestrielle: Semestre pair
- Enseignant: Calin Rodolphe
Organisation semestrielle: Semestre pair
- Enseignant: Lacour Pierre Yves
Organisation semestrielle: Semestre pair
- Enseignant: Fauquier Frédéric
- Enseignant: Mavridis Matthieu
Organisation semestrielle: Semestre pair
- Enseignant: Wagner Henri
Organisation semestrielle: Semestre pair