
Littérature française du XVIe siècle
MME DARMON
Qu’est-ce qu’écrire en français au XVIe siècle ?
En octobre 2023, le président de la République a inauguré la « Cité internationale de la langue française » dans le lieu hautement symbolique du château de Villers- Cotterêts. C’est là qu’en 1539 fut signé le plus ancien texte de loi encore en vigueur en France : il ordonne que les actes de justice et de police soient désormais rédigés « en langage maternel français et non autrement ».
Cette formule, aujourd’hui encore, est sujette à débat. Qu’appelle-t-on « le langage français » au XVIe siècle ? Peut-on l’assimiler à la langue maternelle, ou ce terme désigne-t-il d’autres langues ? Si le XVIe siècle est bien la période au cours de laquelle, en France, les productions littéraires imprimées en langue française deviennent plus importantes, quantitativement, que celles écrites en latin, Montaigne affirme, encore à la fin du siècle, qu’il ne faut pas choisir d’écrire en français si l’on souhaite pouvoir être lu par les générations futures. De la Défense et Illustration de la langue française de Du Bellay aux Essais de Montaigne, du Pantagruel de Rabelais aux arts poétiques de Peletier puis Sébillet, le séminaire donnera un aperçu du rapport complexe que les écrivains français les plus canoniques du XVIe siècle entretiennent à la langue française.
MME DARMON
Qu’est-ce qu’écrire en français au XVIe siècle ?
En octobre 2023, le président de la République a inauguré la « Cité internationale de la langue française » dans le lieu hautement symbolique du château de Villers- Cotterêts. C’est là qu’en 1539 fut signé le plus ancien texte de loi encore en vigueur en France : il ordonne que les actes de justice et de police soient désormais rédigés « en langage maternel français et non autrement ».
Cette formule, aujourd’hui encore, est sujette à débat. Qu’appelle-t-on « le langage français » au XVIe siècle ? Peut-on l’assimiler à la langue maternelle, ou ce terme désigne-t-il d’autres langues ? Si le XVIe siècle est bien la période au cours de laquelle, en France, les productions littéraires imprimées en langue française deviennent plus importantes, quantitativement, que celles écrites en latin, Montaigne affirme, encore à la fin du siècle, qu’il ne faut pas choisir d’écrire en français si l’on souhaite pouvoir être lu par les générations futures. De la Défense et Illustration de la langue française de Du Bellay aux Essais de Montaigne, du Pantagruel de Rabelais aux arts poétiques de Peletier puis Sébillet, le séminaire donnera un aperçu du rapport complexe que les écrivains français les plus canoniques du XVIe siècle entretiennent à la langue française.
- 선생님: Darmon Rachel
Organisation semestrielle: Semestre pair
- 선생님: Darmon Rachel
- 선생님: Laubner Jerome
- 선생님: Plagnard Aude
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- 선생님: Plagnard Aude
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JW414LTM - Litt. de l'extrême contemporain/Littérature gén. et comparée
Nous vivons depuis les années 90 une époque de résurgence du passé que l’on peut qualifier d’ « hypermnésique », celle de l’inflation mémorielle, de la frénésie commémorative, de la « patrimonialisation tous azimut » (Evelyne Ribert). La traque de tous les oublis est renforcée par les Technologies de l’Information et de la communication qui mémorisent tout. Dans ce contexte, est-il encore possible d’oublier ?
Bertrand Gervais rappelle que « dans le monde grec on associait afin de les opposer, Mnémosyne et Léthé » : d’un côté la « figure du bon oubli, d’une catharsis qui permet de se libérer des maux quotidiens », et de l’autre celle de « l’oubli qui altère les facultés » L’oubli peut en effet être envisagé sous un jour négatif ; ce sont, sur le plan civilisationnel, les amnésies collectives et les refoulements communs, des guerres, des massacres, un oubli pervers, qui suppose des stratégies d’évitement et de dissimulation, l’enfouissement de la culpabilité dans le silence. On peut s’interroger sur le rôle des pouvoirs politiques dans cette fabrique de l’oubli, mais aussi des médias, la presse, la télévision et aujourd’hui Internet. Sur le plan individuel, l’effacement de la trace psychique peut confiner au pathologique, jusqu’à l’amnésie, la maladie d’Alzheimer, maladie de l’oubli et de perte (Olivia Rosenthal, On n’est pas là pour disparaître ; Martin Suter, Small World ; Annie Ernaux, Je ne suis pas sortie de ma nuit ; Serge Rezvani, L’Eclipse ; Christian Bobin, La Présence pure)
Mais l’oubli peut aussi être envisagé sous un jour positif, il est même constitutif de l’être humain : « l’oubli pourrait n’être que l’envers pauvre de la mémoire, heureuse et glorieuse, le côté sombre de l’absence-présence au passé » (Secretan), pourtant il existe un oubli heureux, salvateur, réparateur, stratégique. Cet oubli-là fait partie intégrante de la construction des identités individuelles et collectives. Pour Ricoeur, le devoir d’oubli est nécessaire pour l’exercice d’une juste mémoire. La force de l’oubli permet de rebondir, de continuer à exister et de se libérer d’un passé encombrant. Sur le plan institutionnel, l’oubli peut viser à mettre fin de manière salutaire à des désordres civils en contexte de guerre civile, comme après les guerres de religion du XVIe siècle (Dans l’Edit de Nantes, Henri IV fonde la paix civile sur le devoir d’oubli), ou en Espagne après le franquisme. Et dans ce cas, le pardon est-il consubstantiel à l’oubli ? Pour Ricoeur, « le pardon, s’il a un sens et s’il existe, constitue l’horizon commun de la mémoire, de l’histoire et de l’oubli » (593).
L’oubli se définit en relation étroite avec la mémoire, en miroir avec elle. Trop de mémoire est tout aussi néfaste que trop d’oubli. Dans la nouvelle de Borges (1944), Funes el memorioso, le protagoniste est doté d’une mémoire infinie et finira par en mourir : on peut écrire « qu’il est tout aussi difficile de vivre sans oublier, mais qu’il est tout aussi impossible de vivre sans mémoire » (Le Rider, p.208). « L’oubli ne serait donc pas à tous égards l’ennemi de la mémoire et la mémoire devrait négocier avec l’oubli, pour trouver à tâtons la juste mesure de son équilibre avec lui ? » (Ricoeur, 538). L’oubli peut être « un choix », « un mode d’action » (Gervais) : « Faire l’éloge de l’oubli, ce n’est pas vilipender la mémoire, encore moins ignorer le souvenir, mais reconnaître le travail de l’oubli dans la première et repérer sa présence dans le second » (Auger). Mémoire et oubli sont les deux faces d’une même faculté.
Ce séminaire sera l’occasion d’aborder la question de l’oubli à partir d'un corpus d'oeuvres littérature contemporaines issues de contextes culturels différents en se posant la question des modalités et des enjeux de la mise en récit de l’oubli, en s’intéressant à l’oubli comme thème littéraire, comme enjeu énonciatif et narratif, mais aussi comme structure narrative.
Nous vivons depuis les années 90 une époque de résurgence du passé que l’on peut qualifier d’ « hypermnésique », celle de l’inflation mémorielle, de la frénésie commémorative, de la « patrimonialisation tous azimut » (Evelyne Ribert). La traque de tous les oublis est renforcée par les Technologies de l’Information et de la communication qui mémorisent tout. Dans ce contexte, est-il encore possible d’oublier ?
Bertrand Gervais rappelle que « dans le monde grec on associait afin de les opposer, Mnémosyne et Léthé » : d’un côté la « figure du bon oubli, d’une catharsis qui permet de se libérer des maux quotidiens », et de l’autre celle de « l’oubli qui altère les facultés » L’oubli peut en effet être envisagé sous un jour négatif ; ce sont, sur le plan civilisationnel, les amnésies collectives et les refoulements communs, des guerres, des massacres, un oubli pervers, qui suppose des stratégies d’évitement et de dissimulation, l’enfouissement de la culpabilité dans le silence. On peut s’interroger sur le rôle des pouvoirs politiques dans cette fabrique de l’oubli, mais aussi des médias, la presse, la télévision et aujourd’hui Internet. Sur le plan individuel, l’effacement de la trace psychique peut confiner au pathologique, jusqu’à l’amnésie, la maladie d’Alzheimer, maladie de l’oubli et de perte (Olivia Rosenthal, On n’est pas là pour disparaître ; Martin Suter, Small World ; Annie Ernaux, Je ne suis pas sortie de ma nuit ; Serge Rezvani, L’Eclipse ; Christian Bobin, La Présence pure)
Mais l’oubli peut aussi être envisagé sous un jour positif, il est même constitutif de l’être humain : « l’oubli pourrait n’être que l’envers pauvre de la mémoire, heureuse et glorieuse, le côté sombre de l’absence-présence au passé » (Secretan), pourtant il existe un oubli heureux, salvateur, réparateur, stratégique. Cet oubli-là fait partie intégrante de la construction des identités individuelles et collectives. Pour Ricoeur, le devoir d’oubli est nécessaire pour l’exercice d’une juste mémoire. La force de l’oubli permet de rebondir, de continuer à exister et de se libérer d’un passé encombrant. Sur le plan institutionnel, l’oubli peut viser à mettre fin de manière salutaire à des désordres civils en contexte de guerre civile, comme après les guerres de religion du XVIe siècle (Dans l’Edit de Nantes, Henri IV fonde la paix civile sur le devoir d’oubli), ou en Espagne après le franquisme. Et dans ce cas, le pardon est-il consubstantiel à l’oubli ? Pour Ricoeur, « le pardon, s’il a un sens et s’il existe, constitue l’horizon commun de la mémoire, de l’histoire et de l’oubli » (593).
L’oubli se définit en relation étroite avec la mémoire, en miroir avec elle. Trop de mémoire est tout aussi néfaste que trop d’oubli. Dans la nouvelle de Borges (1944), Funes el memorioso, le protagoniste est doté d’une mémoire infinie et finira par en mourir : on peut écrire « qu’il est tout aussi difficile de vivre sans oublier, mais qu’il est tout aussi impossible de vivre sans mémoire » (Le Rider, p.208). « L’oubli ne serait donc pas à tous égards l’ennemi de la mémoire et la mémoire devrait négocier avec l’oubli, pour trouver à tâtons la juste mesure de son équilibre avec lui ? » (Ricoeur, 538). L’oubli peut être « un choix », « un mode d’action » (Gervais) : « Faire l’éloge de l’oubli, ce n’est pas vilipender la mémoire, encore moins ignorer le souvenir, mais reconnaître le travail de l’oubli dans la première et repérer sa présence dans le second » (Auger). Mémoire et oubli sont les deux faces d’une même faculté.
Ce séminaire sera l’occasion d’aborder la question de l’oubli à partir d'un corpus d'oeuvres littérature contemporaines issues de contextes culturels différents en se posant la question des modalités et des enjeux de la mise en récit de l’oubli, en s’intéressant à l’oubli comme thème littéraire, comme enjeu énonciatif et narratif, mais aussi comme structure narrative.
Organisation semestrielle: Semestre pair